Dans le cadre de sa visite à Washington, le leader du parti Kataëb, l'ancien président Amine Gemayel, a ouvert hier les travaux de la réunion entre la Maison du Futur (MDF) et le German Marshall Fund (GMF), par une allocution dans laquelle il a appelé à l'établissement d'un plan Marshall arabe pour la région du Moyen-Orient.
Le président Gemayel avait affirmé la veille, lors d'une entrevue accordée à la chaîne LBCI, qu'il n'y avait aucun rapport entre son voyage à Washington et les élections présidentielles, soulignant que cette visite s'inscrivait dans le cadre des contacts permanents avec les grandes capitales dans le but de mettre le Liban à l'abri des répercussions de la crise syrienne. « Nous essayons de reconstruire la fondation de la Maison du Futur, dont je suis le directeur et fondateur, pour qu'elle regagne son rôle sur la scène politique et intellectuelle au pays du Cèdre, et cette visite vise à établir un partenariat entre cette fondation et l'institution German Marshall Fund, avait-il indiqué. Cette coopération est un prélude aux études approfondies sur l'avenir du monde arabe et le rôle du Liban à l'ombre des révolutions arabes qui ont eu lieu. La Maison du Futur, qui constituait un lieu de rencontre des élites arabes, veut reprendre son rôle dans le monde arabe en établissant des diagnostics de la situation et en avançant des propositions réformatrices », a-t-il ajouté, révélant que « la réunion entre les deux parties porte sur la tenue d'un congrès international au Liban en 2014 pour tracer les grandes lignes d'un projet Marshall pour le monde arabe ».
Dans son allocution de bienvenue lors de la conférence intitulée « Après la tempête : démocratie et développement dans le nouveau Moyen-Orient », le président Gemayel a affirmé attendre beaucoup de cette coopération entre la Maison du Futur et le German Marshall Fund, en tant que fondateur et directeur de la MDF. « Comme vous le savez, le monde arabe connaît un changement d'une dimension et d'une importance considérables, a-t-il dit. Mais la question qui n'a pas encore de réponse est celle-ci : Sommes-nous à la veille d'une nouvelle ère de stabilité et de prospérité ou bien d'un nouveau cycle de guerres et de destructions ? L'on peut rassembler des preuves pour soutenir les diagnostics optimiste et pessimiste. La MDF et le GMF sont cependant résolus à saisir toute opportunité de garder foi en cette courageuse avant-garde en quête de changement fondamental dans le monde arabe. Le partenariat MDF-GMF a accepté avec enthousiasme de relever le défi de participer à l'édification d'un meilleur Moyen-Orient fondé sur la paix, la stabilité et les droits de l'homme. Le monde arabe est bien placé pour lancer et soutenir des initiatives en vue de reconstruire une meilleure gouvernance, de promouvoir la transparence et d'assurer la liberté et le pluralisme. Les efforts de réforme doivent viser, en premier lieu, la reconstruction post-conflit, en deuxième lieu, de nouveaux systèmes d'éducation, en troisième lieu le développement économique et, en quatrième lieu, la sensibilisation, la disponibilité et la qualité de la protection sociale. »
Le président Gemayel a par ailleurs noté « trois similitudes entre les conditions en Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et les réalités qui ne manqueront pas d'apparaître au Moyen-Orient à la suite du réveil arabe : la nécessité d'œuvrer en vue de la reconstruction matérielle et du développement économique ; la nécessité d'adopter ce que l'on pourrait appeler une modération inspirante pour mettre en échec les appels de l'extrémisme – en Europe, il s'était agi de l'extrémisme politique du communisme, au Moyen-Orient il s'agit de l'extrémisme religieux du terrorisme ; et la nécessité d'adopter de nouveaux systèmes de gouvernance, à l'intérieur de chaque pays comme sur le plan de la coopération régionale ».
« Le plan Marshall avait été un accélérateur de développement économique, de modération politique et de coopération internationale, a rappelé le président Gemayel. Je crois fermement aujourd'hui que ce que j'appellerais l'Arab Marshall Plan pour la liberté, le pluralisme et la gouvernance pourra aider à transformer le Moyen-Orient », a-t-il poursuivi.
Et de conclure : « En ce qui concerne la liberté et le pluralisme, l'Arab Marshall Plan donnera la priorité à l'éducation et au dialogue afin de promouvoir le vivre-ensemble. En matière de gouvernance, l'Arab Marshall Plan pourrait se pencher sur les questions d'ouverture, de transparence, d'alternance au niveau du pouvoir, surtout pour ce qui a trait aux limites des mandats. Par dessus tout, le plan devra mettre l'accent sur la promesse d'un partenariat qui ne s'apparente nullement à l'ancien paternalisme. Il devra aussi encourager les compétences arabes dans les secteurs-clés de l'État et de la société, et notamment la jeunesse, à coopérer ensemble au-delà des différences sectaires, ethniques et nationales, et à bâtir des relations durables avec des partenaires internationaux, en Europe et en Amérique du Nord notamment. »
Sur un autre plan, Amine Gemayel a effectué des contacts téléphoniques avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et un nombre de hauts responsables, afin d'aboutir à la libération des religieuses de Maaloula.