Le Président Amine Gemayel a participé a une conférence organisée par l’institut Néerlandais Nexus et intitulée « Vers une stratégie pour vaincre l’intolérance et les conflits violents » tenue à l’Opéra House d’Amsterdam en présence d’un grand nombre d’experts internationaux.
Après avoir condamné les attentats terroristes de Paris qui ont fait tomber un grand nombre de victimes, le Président Gemayel a mis l’accent dans son intervention sur le besoin pressant de dialogue, tout en considérant que le danger que représente « L’Etat Islamique » est sans doute le plus grand danger actuellement puisqu’il menace la civilisation Arabe, avec le contrôle exercé par ce mouvement sur de vastes territoires Syriens et Irakiens.
Le Président Gemayel a présenté deux problématiques essentielles:
« Quelle est la nature des mouvements qui sèment la destruction au Moyen Orient, berceau des civilisations humaines ? », et « Comment pouvons-nous mettre en place une stratégie pour vaincre cette expansion takfiriste ? »
Gemayel a considéré que le problème réside en le fait que ces mouvements rejettent le pluralisme et la diversité civilisationnelle qui enrichissent l’expérience humaine, en disant : « Je considère que les guerres en Iran et en Irak ainsi que la guerre civile libanaise durant les années 80 ont vu se répandre des comportements fortement violents et destructifs, comme c’est le cas sans doute dans toutes les guerres », en ajoutant que la guerre libanaise représentait a l’époque une « éclipse de la civilisation », pourtant cette éclipse, tout comme l’éclipse solaire ou lunaire, n’est qu’un cycle qui s’achèvera tôt ou tard, afin que la civilisation renaisse de nouveau des cendres et de la destruction. Gemayel a considéré qu’il n’était pas « sûr que la civilisation Arabe pourra résister à long terme à ces actes destructifs qui la visent en présence d’un Etat Islamique qui fait fi des frontières nationales. »
Le Président Gemayel a de même mis en garde contre la réussite du projet de l’Etat Islamique qui vise à saper tous les facteurs vitaux dans la société Moyen- Orientale ne correspondant pas à ses idéologies, en soulignant la nécessité de changer la terminologie utilisée pour décrire cette région, bien représentée par l’historien libanais Kamal Slaibi qui disait : « Ce qui rend ce monde « Arabe » et non pas « Islamique » est sans doute la présence de Chrétiens Arabes. »
Le Président Gemayel a appelé à l’adoption d’une stratégie pour vaincre les mouvements terroristes qui menacent l’avenir du Proche Orient, qui soit basée sur une coalition armée entre les Arabes modérés et leurs alliés internationaux.
Toutefois, cette action miliaire contre l’Etat Islamique devrait être accompagnée d’une réforme des systèmes éducatifs qui s’inspire des valeurs du pluralisme, de la démocratie et des droits de l’homme, dans le cadre d’un programme de réforme global pour aider les Arabes à protéger leur civilisation et à emboiter le pas à ce mouvement historique d’envergure du 21ème siècle et élargir l’étendue de la participation du peuple à la prise de décision politique.”
Il dit:
”Si l’Etat Islamique utilise la religion à de mauvaises fins, ses opposants devront faire de la religion l’antidote contre ces atrocités, et prendre de nouvelles initiatives telles que “Le Concert des Religions” qui mobiliserait les efforts de différentes nationalités et religions dans le but de garantir le pluralisme religieux notamment au Moyen Orient.”
En parlant du Liban, Gemayel ajouta: “Mon pays a émergé comme un projet de tolérance et détient une dimension Moyen- Orientale assez large puisqu’il est le seul pays Arabe créé selon le principe de partenariat entre toutes les confessions.
Si cette formule a réussit au Liban et dans d’autres pays de la région – notamment en Tunisie – ceci signifie qu’elle serait sans doute applicable dans d’autres pays arabes durant la période post-conflit, et surtout en Syrie. »
Le Président Gemayel a présenté à ce groupe d’académiciens deux dynamiques, la première s’inspirant de la construction, la démocratie et la paix, qui pour lui a déjà débuté, et l’autre visant à contrer l’abolitionnisme incarné durant une période brève de l’histoire par le communisme et le nazisme, soulignant que la dynamique de la construction est la plus puissante et qu’elle vaincra la dynamique de l’intolérance, la destruction, l’abolition et le refus de l’autre”.